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Les tentures brodées de l’hôtel de Ville

Un patrimoine exceptionnel : huit tentures brodées du XVIIe siècle

La salle d’honneur de l’Hôtel de Ville de Beaugency, au premier étage, est ornée de magnifiques panneaux de broderies. Ces huit tentures créées vers 1630-1640 et restaurées entre 2009 et 2015 constituent un bel exemple des arts décoratifs de l’époque. Quatre d’entre elles représentent les continents, quatre autres des scènes de sacrifice à la mode gauloise.

 

Une réalisation ambitieuse

Les tentures ont été brodées à l’aiguille, avec trois points différents : point de Boulogne, point de passé empiétant, point fendu. Ce ne sont pas des tapisseries puisqu’elles ont été réalisées à la main, sans métier à tisser.

Avant la broderie par les artisans, un artiste a conçu un carton de tapisserie pour chaque panneau, un dessin préliminaire du motif. Il s’est inspiré de gravures : les arts décoratifs de l’époque présentent les mêmes codes, un vocabulaire commun.

Ces tentures sont probablement l’œuvre d’un atelier monastique ou d’un couvent de la vallée de la Loire. On estime qu’il a fallu un an pour broder un mètre², ce fut donc un travail de grande ampleur.

 

Une brève histoire

Les tentures ont été créées vers 1630-1640, sous le règne de Louis XIII et Anne d’Autriche, pour une alliance, un mariage entre deux familles nobles. Des bordures frappées aux armoiries de ces familles encadraient les tentures ; elles ont disparues ensuite, lors de la restauration au XIXe siècle.

Des inventaires anciens révèlent que les tentures faisaient partie des biens du Duc de Saint-Aignan dans la première moitié du XVIIIe siècle. Elles sont ensuite offertes par l’abbé Nicolas de Luker à l’abbatiale Notre-Dame en 1786 et présentées dans le lieu de culte malgré leurs motifs peu orthodoxes.

Devenues bien national à la Révolution en 1791, elles sont acquises par la Ville de Beaugency et installées dans l’hôtel de Ville en 1795.

Après leur classement Monument Historique en 1896, la Manufacture des Gobelins, qui dépend alors du Mobilier National, entreprend une première restauration constituée d’un nettoyage et d’une « re-broderie » avec des fils de couleur vives pour combler les lacunes. En parallèle, l’historien de l’art Jules Guiffrey mène une première étude. Il place avec justesse l’artiste qui a réalisé les cartons dans la mouvance de Pierre Paul Rubens et Simon Vouet.

En 1898, les tentures sont installées dans la salle d’honneur qui a été restaurée sur mesure pour elles, avec un décor néo-médiéval pensé pour les mettre en valeur. Les broderies sont accrochées directement au mur, sans isolation, à la poussière, donc soumises à l’humidité et au noircissement. Deux panneaux sont pliés à 45° dans les angles de la pièce.

 

Entre 2009 et 2015, des interventions de conservation-restauration

Pour l’exposition de la tenture L’Europe au Grand Palais en 2012 (Les arts décoratifs sous Louis XIII et Anne d’Autriche), une étude préalable des tentures est menée. Deux panneaux sont décloués et dédoublés pour étudier leur revers riche en informations sur les techniques.

La densité des points rend les tentures résistantes et leur a permis de traverser cent- ans d’exposition. Mais certains fils sont décolorés, ou tombent en poussière…et les fils rebrodés à la fin du XIXe siècle se sont décolorés, ils sont devenus roux, ce qui complique la lecture des motifs…

L’Europe bénéficie la première d’un traitement de conservation-restauration, d’une anoxie dynamique (privation d’oxygène pour éliminer les insectes, œufs et larves, de mites et d’attagènes, des insectes kératophages), d’un lavage à plat et d’une dé-restauration (les fils de laine ajoutés au XIXe siècle et décolorés sont ôtés avec précaution, puis les zones sont comblées avec le même point de broderie, plus finement pour favoriser la lecture des motifs. Cette technique proche du trattegio utilisé en restauration de tableaux permet de redonner leur lisibilité aux dessins tout en rendant visibles les plages traitées).

Cette première campagne est suivie par la conservation-restauration des autres tentures et la restauration de la salle d’honneur. Une convention-cadre a été passée en 2012 entre la Ville de Beaugency, maître d’ouvrage, et la DRAC Centre-Val de Loire. Martine Ramat, Architecte du patrimoine, et Gilles Blieck, Conservateur général des Monuments historiques à la DRAC Centre-Val de Loire, ont assuré la maîtrise d’œuvre de ces opérations de restauration, entre octobre 2013 et avril 2015.

Coût total de l’opération : 672 157 €, dont restauration des broderies : 91 072 € HT
Aide de l’État (DRAC Centre-Val de Loire) à hauteur de 40 % (268 862,80 €).

 

Comment voir les tentures ?

Les Journées du Patrimoine et les visites déléguées par la Ville à l’Office de tourisme, sur réservation, vous permettront d’admirer les tentures.

Découvrez les photographies avant et après restauration.

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