Le clocher Saint-Firmin mesure 56 mètres de haut. Il faut gravir 184 marches pour arriver au sommet qui offre un panorama impressionnant sur notre belle cité. Il est même possible d’apercevoir la cathédrale d’Orléans par temps clair.
Ce clocher est le dernier vestige d’une église romane du XIe siècle, la première église paroissiale de Beaugency qui s’étendait sur la place. Construite un peu avant l’abbaye Notre-Dame, elle est mentionnée dès le dernier quart du XIe siècle. L’église était entourée d’un cimetière qui fut déplacé pour des raisons hygiénistes, probablement au XVIIIe siècle.
L’édifice est dédié au saint picard Firmin. La Ville de Beaugency entretient des liens avec l’évêché d’Amiens, au moins dès le XIIe siècle. L’évêque aurait offert en cachette une relique, un morceau de la mâchoire du saint, à la Ville de Beaugency qui en avait fait la demande. Quelle que soit la véracité de cette anecdote, il est certain que les seigneurs de Beaugency reconnaissent la suzeraineté de l’évêché d’Amiens qui possède des fiefs en Vendômois. Ils entretiennent des liens religieux et sociaux jusqu’au XVIIIe siècle. Aujourd’hui, les reliques sont conservées dans une châsse visible dans l’abbatiale Notre-Dame.
Entre 1104 et 1108, Raoul, le seigneur de Beaugency, restitue l’édifice à l’abbaye Notre-Dame avec d’autres biens que ses prédécesseurs sont accusés d’avoir usurpés. L’église Saint-Firmin est alors érigée en prieuré de Saint-Augustin. Elle est agrandie à plusieurs reprises mais menace de tomber en ruine durant la guerre de Cent Ans (1337-1453).
La voûte de notre clocher porte les armoiries de la famille de Longueville. Il est bâti par Jean II d’Orléans-Longueville (1492-1533), petit-fils du comte Dunois, le célèbre compagnon d’armes de Jeanne d’Arc. Jean II d’Orléans-Longueville est nommé évêque d’Orléans en 1531 puis cardinal en 1533.
Lorsque l’abbatiale Notre-Dame est incendiée par les Protestants en 1568, le feu se propage à la tour César et à l’église Saint-Firmin situées à proximité. Malgré les détériorations subies par le clocher, trois cloches y sont installées en 1571.
Ensuite, l’église est rebâtie plus grande qu’auparavant en 1597. Le portail d’entrée en anse de panier et l’encadrement de style gothique flamboyant témoignent toujours du renouveau architectural propre à la Renaissance. L’église mesurait alors 50 mètres de long sur 20 mètres de large.
L’église Saint-Firmin est détruite à la Révolution et son clocher est vendu comme bien national. Pour le préserver, les Balgentiens s’en portent acquéreurs aux enchères publiques pour 600 francs.
La place est aménagée au XIXe siècle, une statue de Jeanne d’arc y est érigée en 1896.
« Mes amis que reste-t-il à ce dauphin si gentil, Orléans, Beaugency, Notre-Dame de Cléry, Vendôme, Vendôme… ».
Trois fois par jour (à 8h10, 12h10 et 19h10), grâce à l’ajout d’une quatrième cloche dans les années 1980, nous pouvons entendre le célèbre carillon du XVe siècle. En effet, pendant la Guerre de Cent Ans, avant l’avènement de Charles VII au trône de France en 1422, le « petit roi de Bourges » ne possédait plus que ces quelques cités.
Inspirés par cet air devenu traditionnel, de nombreux artistes nous offrent leurs réinterprétations contemporaines, tels David Crosby en 1971 (Orléans, à écouter sur YouTube) et Laurent Voulzy en 2012 (Le Carillon de Vendôme).